Demande d'espaces gracieux
Le digital redistribue les cartes

En passant au crible plus de 100 territoires, 6 300 chaînes et 3 milliards de téléspectateurs, l’étude One TV Year dresse le panorama du marché audiovisuel mondial et de ses spécificités régionales. Elle met à jour un écosystème où le digital modifie les comportements des téléspectateurs, dynamise les stratégies des chaînes de télévision et permet l’arrivée des challengers tout en réaffirmant la puissance des contenus TV, commente Frédéric Vaulpré, Directeur d’Eurodata TV Worldwide.

Du petit écran au multi-écran : la télévision partout et à toute heure

Une durée d’écoute mondiale consolidée à un niveau toujours élevé 
En 2014, la durée d’écoute individuelle (DEI) mondiale s’est stabilisée à un haut niveau, 3h13 contre 3h14 l’année précédente. Cette consolidation est liée à l’offre constamment enrichie des chaînes alors que, simultanément, les mutations technologiques mettent les programmes TV à portée de tous, à toute heure et en tous lieux sur de nombreux écrans.
La télévision délinéarisée fait des émules

Le public regarde de plus en plus les programmes de télévision en différé ou en rattrapage. Les mesures d’audience intègrent progressivement ces nouveaux usages. En 2014, 26 pays mesurent le visionnage en différé soit 4 de plus que l’an passé.

Ces modes de consommation délinéarisés, complémentaires au live, sont des apports à la durée d’écoute globale. Pour exemple, au Royaume-Uni, la durée d’écoute TV live est de 3h13; avec le différé à 7 jours elle s’élève à 3h40, soit 27 minutes supplémentaires. Le délinéaire a un impact particulièrement fort sur l’audience globale des chaînes challengers en prime time, comme FX aux USA (+19,5%) et Channel 9 en Israël (+8,7%). Certaines séries obtiennent un gain d’audience qui peut atteindre 50 à 70% : l’épisode de la série American Horror Story, diffusé le 8 octobre 2014, a ainsi enregistré une hausse de 73,2% de téléspectateurs entre le Live+VOSDAL1 et le Live +7 jours.

L’écosystème en mutation sous l’impact du digital

L’essor des plateformes vidéo…

Premier phénomène dans l’évolution du marché, le développement des plateformes
vidéos, nouvel Eldorado pour les producteurs de contenus. Le dynamisme de l’Asie
se résume dans les chiffres du géant Chinois de la VAD (Vidéo à la demande). 

Youku Tudou qui revendique plus de 500 millions d’utilisateurs actifs et 200 milliards de vidéos vues par an. En Amérique Latine, le défi des acteurs du marché consiste à capter une audience très jeune et active sur les médias sociaux, mais également à collaborer avec des partenaires étrangers. Viki, un site de Singapour, a annoncé des partenariats avec Venevision au Venezuela et Caracol en Colombie pour diffuser leurs contenus. L’Afrique aussi n’est pas en reste. D’une quarantaine d’offres VAD en septembre 2013, le continent est passé à près de 100 plateformes fin 2014, porté par un meilleur accès à l’internet haut débit dans les grandes agglomérations et les débuts de la convergence numérique.

… favorise la création et l’innovation de contenus et de formats

 Cette concurrence stimule la création, et au global, dans cet écosystème enrichi, l’offre grandit, place le téléspectateur devant un hyper-choix, et incite les acteurs à accélérer la mutation en complétant les offres des médias traditionnels et en encourageant les partenariats stratégiques  note Sahar Baghery, D
irectrice du Pôle Formats et 
Contenus TV Internationaux d’Eurodata TV Worldwide.

Dans ce nouvel ordre mondial, le rôle des diffuseurs évolue également. Les Multichannel Networks (MCN2 se développent et accompagnent les grands groupes audiovisuels vers le marché du digital, en connectant créateurs, diffuseurs et annonceurs. En termes de création, les télévisions rivalisent d’originalité en proposant de nouvelles expériences sociales, comme le jeu interactif britannique You Against the Nation (Red Arrow International), prévu sur BBC 1 à l’automne 2015, où les participants concourront entre eux et avec les téléspectateurs qui joueront via une application.

… et bouscule le rapport au temps

Les nouveaux usages et les nouveaux entrants encouragent l’immédiateté. Alors qu’en 2010, il fallait 8 mois à une série américaine comme Blue Bloods (CBS Studios International) pour s’exporter dans 5 territoires, en 2015, 1 mois suffit à la
coproduction américano-britannique Fortitude (Sky Vision) pour être diffusée dans 5 pays.

Les nouveautés et les événements au cµur des succès d’audience 

Les nouveautés stimulent l’audience: 21% des programmes recensés dans les palmarès internationaux ont été lancés en 2014, soit 6 points de plus qu’en 2013.

Le sport, une valeur sûre
Les événements sportifs de l’année 2014, notamment les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi et la Coupe du Monde de Football ont largement contribué à la durée d’écoute mondiale de la télévision. En Russie, les Jeux ont totalisé 7 des meilleures
audiences sur 10, tous genres confondus.


Fiction et divertissement, au coude à coude

La fiction et le divertissement représentent respectivement 40 et 39 % des programmes figurant dans les Top 10 des 67 territoires analysés. Les séries qui représentent 63% des fictions se classent loin devant les films (15%). Côté divertissement, la téléréalité arrive en tête avec 35% des succès du genre, suivie des événements (30%).