Demande d'espaces gracieux
Formats fédérateurs, contenus réinventés
« Augmentation croissante du nombre de chaînes et des éditeurs de contenus, multiplication des écrans et des usages numériques : jamais la concurrence n’a été aussi forte ni la soif de contenus aussi intense » analysent Julia Espérance, Consultante Média chez Eurodata TV Worldwide et Valentin Tual, Consultant Média chez IMCA,  à l’occasion de la présentation des tendances et résultats de la rentrée TV internationale.
« Pour se démarquer, diffuseurs et producteurs fédèrent autour de marques fortes (formats, acteurs, animateurs), osent le mélange des genres, se réinventent en explorant des thèmes hors des sentiers battus et expérimentent de nouveaux dispositifs pour interagir avec les téléspectateurs et fidéliser l’audience », poursuivent-ils.
TV Solidaire
Côté divertissement, les contenus prennent le contrepied de la crise avec des concepts misant sur l’entraide et la générosité.La solidarité est ainsi à l’honneur avec le programme anglais Hotel GB (Channel 4). Pendant une semaine, les animateurs phares de la chaîne anglaise reprennent en main un hôtel avec l’aide d’un groupe de demandeurs d’emploi. Les profits générés par l’opération sont ensuite reversés à des associations caritatives. La thématique de l’emploi est aussi présente à travers des programmes de recherche de talents, genre pilier du  divertissement. En Corée du Sud, le programme Super Challenger Korea (TVN), défie des aspirants banquiers. Le gagnant sera recruté dans une grande banque coréenne. 
En Angleterre, la recherche de talents est également teintée d’expérience sociale avec  Tourettes : Let Me Entertain You diffusé sur BBC3. On y recherche et y aide des personnes dont le talent musical est éclipsé par la maladie de la Tourette. Le programme a vu sa part de marché augmenter de 23% entre le premier et le dernier épisode. Au Danemark, le terme  Feel Good TV  prend tout son sens  avec  100 Days of Being Nice  (DR2) : en s’appuyant sur les réseaux sociaux, un journaliste de renom se donne 100 jours pour rétablir la gentillesse et la politesse au sein du pays.  Un véritable mouvement a été lancé sur la toile, avant même la diffusion du programme, pour faire aboutir cette belle entreprise.

TV Imaginaire

Tandis que la fin du monde approcherait à grand pas, le mythe de l’Apocalypse crève l’écran et alimente tous les genres : documentaires, séries, et même télé-réalité.  Entre réalité et fiction, Derren Brown : Apocalypse (Channel 4) plonge un homme sous hypnose et lui fait croire qu’il se réveille dans un monde postapocalyptique. Avec 11,7% de part de marché moyenne, l’émission a presque doublé le primetime de la chaîne. Toujours avec cette volonté de se renouveler et de créer l’événement, les fictions de la rentrée se permettent d’être plus sombres. Quand elles ne flirtent pas avec le fantastique (Les Revenants en France, Canal+ ; The Secrets of Barslet aux Pays-Bas,  Ned 2), elles subliment l’anti-héros, dangereux et pourtant terriblement séduisant. Après avoir été pendant des années la chasse gardée des chaînes câblées,  ce personnage semble d’ailleurs devenir l’un des fers de lance des grands networks américains. Les résultats sont au rendez-vous comme l’attestent les scores de la série Arrow qui narre les aventures d’un mystérieux vengeur masqué. La série se révèle être le meilleur  lancement du network  The CW depuis 3 ans avec  plus de 5 millions de téléspectateurs pour le premier épisode. En Amérique Latine, la télénovela Pablo Escobar el Patron del mal
décape l’image de romance à l’eau de rose du genre. Lancée en Colombie sur Caracol TV puis récemment sur la chaîne hispanophone américaine Telemundo, la série a doublé le score moyen de la case. 

TV Identitaire

Portées par les réseaux sociaux, les communautés, qu’elles soient culturelles, religieuses ou simplement affinitaires, sont traitées à l’écran sous différentes formes :
– Aux antipodes des héros tourmentés, des personnages excentriques, tels la mère porteuse et le couple gay  de New Normal (NBC) ou la famille pakistanaise  de  Citizen Khan (BBC1), se côtoient dans les comédies de cette saison. Chacun alimente avec humour le débat sur des thèmes de société parfois polémiques. 
– Des fictions sociétales dépeignent le quotidien du quartier aborigène de Sydney dans Redfern Now (ABC1) ou le voyage initiatique d’une jeune femme de Rio de Janeiro dans la télénovela brésilienne Suburbia (Globo).
– Enfin, on assiste à une  gamification de la religion avec notamment  le jeu de plateau américain American Bible Challenge (GSN) ou le programme de télé-réalité  The Jewish Mum of the Year (Channel 4). Le premier,  mixant  quizz  et conna
issance  de la  Bible, a établi un véritable record d’audience quadruplant presque le score moyen du primetime.
TV  Sociale 

Répondant aux nouveaux usages des jeunes téléspectateurs, la télévision se décline désormais sur tous les supports. Développement d’applications compagnons, diffusion de contenus exclusifs sur le second écran, et exploitation maximisée des réseaux sociaux font partie des stratégies numériques pour engager l’audience et prolonger l’expérience au-delà de la diffusion à l’antenne. 
Le dispositif digital  qui accompagne l’émission de télé réalité américaine  Start-ups : Silicon Valley (Bravo)permet aux téléspectateurs d’évaluer jour après jour leur influence sociale sur la plateforme web mise à leur disposition. Afin de promouvoir le programme, les personnes les plus influentes ont vu leurs portraits affichés en plein coeur de la Silicon Valley.